Un itinéraire spirituel : des racines chrétiennes
L’oustal de Charles Condamines
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Les Tourrettes furent et sont peut-être encore un peu, l’oustal de Charles Condamines. « L’oustal, la maison en occitan, c’était une ferme et une famille emmêlées ; un bloc de pierres, de terre, de bétail et de sang durci par les siècles et dont le catholicisme était le ciment.»
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Au moins depuis le mitan du dix-septième siècle, les registres en font foi, ce sont des Antoine Condamines qui ont été les propriétaires des Tourrettes (ou Tourrelles ou Torretas). Ils sont tous nés et ont rendu l’âme entre ces murs. Parce qu’elle a emporté l’ainé de la famille, la guerre de quatorze a détraqué cette reproduction. La maman de Charles Condamines ne se rendra à l’hôpital que pour l’accouchement de sa dernière fille, en 1946. Au début des années 2000, les terres ont été vendues par Albert Condamnes, le dernier propriétaire.
« Ce catholicisme paysan est d’autant plus intransigeant qu’il se sent assiégé. Dès 1943, les abbés Godin et Daniel l’avaient démontré : considérée dans son ensemble, la France était devenue un « pays de mission.» L’ivraie qui veut infecter la bonne terre rouergate a déjà empoisonné les alentours et c’est par les villes qu’elle s’insinue. Il est vital de s’en protéger et de retenir les enfants du pays tentés d’aller se jeter dans la gueule du loup. Loin du clocher de leur baptême, ils perdront tout : la foi, les mœurs et le respect de leurs ancêtres. L’émigration est l’ennemie de la religion.
Cette paysannerie, ces campagnes sont le terreau sur lequel j’ai poussé. La tradition y était reine. Le changement trahison, le peuplement immobile et le contrôle social sans pitié ni répit. Du berceau à la tombe, chacun restait placé sous le regard des mêmes familiers et des mêmes voisins. Malheur à celui qui prétendait se distinguer en se dispensant de la règle commune et de sa reproduction la plus stricte : se faire remarquer c’était vouloir péter plus haut que son trou.
​Pour vivre heureux, vivons cachés enseignaient de concert la sagesse des anciens et le catéchisme. Du dehors, ne pouvait venir que du danger. Et le dehors commençait aux limites du village si pas du hameau ou de l’oustal. Les militaires et les religieux exceptés, tous mes oncles, tantes et cousins germains vivaient dans des fermes à moins de 10 kms de chez nous. » In "J'étais prêtre…"p.36